Je lis sur le site de Générations Futures en date du 12 mars 2018 que l’enseigne de jardinerie Bo(boland)tanic a retiré de ses rayons les insecticides chimiques pour animaux domestiques. Générations Futures, par la voix de son porte-parole François Veillerette, s’en félicite. Nous aussi.
Les insecticides chimiques retirés sont ces fameux antiparasites contenant de la perméthrine et du fipronil, ces deux molécules ultra-toxiques pour l’environnement et les êtres vivants, à l’exception des fameux parasites (puces et tiques) qu’ils sont censé éradiquer et qu’ils ont combattu les premières années de leur mise sur le marché, jusqu’à ce que les parasites deviennent totalement insensibles. Depuis belle lurette, on trouvait d’ailleurs ces molécules dans des génériques tout aussi inefficaces que leurs modèles.
Il y a une dizaine d’années, avec beaucoup de réclames, Bo(boland)tanic retirait les produits phytosanitaires de ses rayons pour les remplacer par des produits écologiques. S’ils ont été la première chaîne nationale conventionnelle à prendre les devants, ils n’ont pas non plus scié la branche sur laquelle ils étaient assis. Les produits alternatifs étaient déjà bien présents chez les revendeurs biologiques dits « alternatifs ». Pour les obtenir, il suffisait, soit de court-circuiter leurs fournisseurs, soit de copier les formules sous marque propre, soit de faire fabriquer sous marque propre par les-dits fournisseurs. Je ne sais pas quelle solution ils ont adopté et peu importe, c’est la loi du marché (celle-là même qui, aujourd’hui, pends au nez des enseignes de magasins biologiques historiques).
En supprimant les phytos par cette démarche saine pour l’environnement – il faut leur reconnaître – Bo(boland)tanic n’a cependant pas agit par « naturethropie ».
La preuve en est qu’ils n’ont pas, par la même occasion, retiré ces parasiticides qu’ils ont continué de vendre pendant encore 10 ans, jusqu’à ce 12 mars 2018. S’ils avaient été au bout de leur logique (oserais-je dire s’ils avaient été honnêtes ?) ils les auraient supprimés de leurs rayons. Mais « tant que je joue je gagne » pourrait dire une humoriste belge de France Inter en s’auto-caricaturant. Ou plus clairement, « tant que je vends j’engrange ». C’est un fait, les parasiticides chimiques des animaux domestiques se vendaient très, très bien.
Pour ma part, j’ai constaté que fipronil et perméthrine n’agissent plus sur les parasites de mes chats depuis très longtemps. Je n’ai pas de pouvoirs magiques comme Taré Potter. Tout ceux qui ont des chiens ou chats sont arrivés aux mêmes conclusions que moi. Ces produits sont caduques.
Et Bo(boland)tanic qui a entretemps étoffé ses rayons en alimentation biologique, prenant dans les grandes villes une part importante de ce marché, ne pouvait continuer décemment à proposer non loin des petits pots bios pour bébés ou du pain des fleurs ou du miel bio, l’une des pires molécules à néonicotinoïdes.
Les néonicotinoïdes. Principaux bourreaux chimiques éradicateurs des abeilles et autres butineurs. Et oui. Alors comme une belle palette d’alternatives biologiques existe en substitution des molécules de synthèse que sont le fipronil ou la perméthrine et dont les ventes sont en chute libre, on les retire du marché, on les remplace par des produits biologiques et on l’annonce. Le tour est joué.
A une semaine de la semaine de l’alternative aux pesticides qui aura lieu entre le 20 et le 30 mars, et à laquelle ils participent, cet effet de manche est un phénoménal coup de com, une véritable mise en coupes réglées. On se rapproche d’un greenwashing 100% recyclé. Donc hors de question de leur jeter des fleurs. On n’est pas des sauvages, ou bien ?
Réjouissons-nous, tout de même, car mieux vaut tard que jamais !