Jeudi 22 mars 2018, c’était la journée mondiale de l’eau. Sur le site des Nations Unies, l’incubateur de cette journée en 1992, on peut recueillir différentes informations sur l’état de cette ressource dans le monde et sur l’importance, en plaçant l’eau au cœur du développement durable, du retraitement des eaux usées et surtout de la prise en considération de la nature. Le thème de cette année étant « L’eau : la réponse dans la nature ». Le constat de l’ONU, ses propositions tout du moins, sont de restaurer les éco-systèmes, pour reconnecter le cycle de l’eau au monde végétal et animal, en réaménagement zones humides (par exemple tourbières) et plaines inondables, en réimplantant des arbres dans les forêts, en redonnant à la nature un semblant de dignité.
La Terre, on pourrait croire qu’ils la découvrent au détour d’une route après avoir constaté qu’ils se sont trompés de voie et que le GPS du SUV hybride n’est pas si infaillible. La Terre est une femme nue qui après avoir été violentée, gît, étendue sur le sol, prostrée. Sur son corps, ils posent honteusement un voile de fibres textiles issues de matières plastiques recyclées interconnectées à un smartphone, qui donne la température du corps, intérieur, extérieur, avant, après, ainsi que le poids, la quantité de litres transpirés, la tendance émotive, en changeant de couleur. Ce voile du futur enrichit avant tout une start-up de jeunes bébébobos fiers de leur inutile invention contribuant encore plus à détruire les éco-systèmes, ce qu’ils se gardent de signaler au passage.
C’est ce que m’inspirent les deux ou trois pages du site de l’ONU consacrées à cette journée mondiale de l’eau. C’est si académique, désincarné, que j’ai l’impression de lire un communiqué administratif interne, de recommandations, adressé à des agents techniques. C’est sans âme, froid, C’est la fonction qui dicte ses actes. Les privilèges sont maintenus.
Aujourd’hui, samedi 24 mars 2018, nous vivons « Earth Hour 2018, la plus grande mobilisation pour la planète organisée par le WWF ». L’initiative date de 2007. En 2017, 7000 villes dans 187 pays ont éteint leurs monuments. Ce soir à 20h30, les français pourront, afin de manifester leur intérêt pour l’environnement, éteindre leurs lumières pendant une heure.
Je ne sais pas si c’est bon pour l’environnement d’éteindre la lumière pendant une heure. En France cela permet déjà à EDF de faire des essais avec les Centrales, qui pendant une heure se retrouvent en légère surproduction dans une période, la fin de l’hiver, où elles sont plutôt border-line sur la production électrique.
Dans ma commune, à 20h30, une grande partie de ma rue est dans le noir. Non pas parce que la mairie a pris l’initiative, par soucis écologique, d’éteindre les rues la nuit, ce n’est pas demain la veille, mais, parce qu’il y a 15 jours, un violent orage a fait sauter le transformateur qui éclaire cette portion de rue.
Chez nous, ce soir, à 20h30, les lumières seront éteintes. Ce n’est pas par communion avec Earth Hour, mais parce que nous sortons. Pour préserver l’environnement, nous avons d’autres pratiques.
Nous pensons que l’idée est quand même à suivre, surtout dans les grandes agglomérations dans lesquelles l’impact visuel, qui peut se ressentir immédiatement, fait forcément réfléchir et interpelle les enfants.
Réfléchir sur notre impact, c’est ce que nous avons fait récemment. Et j’en reviens à la journée mondiale de l’eau. Sur le site de l’ONU, une phrase a fortement retenu mon attention. Je cite : « C’est également l’occasion d’en parler autour de vous, d’agir et de changer le cours des choses ». Pour ce que nous avons vécu dans notre quotidien chez nous, cette phrase prend tout son sens. Et le « partage » est de mise. Voici notre expérience.
Pour changer l’évier de la salle d’eau, il y a environ un mois, avant de couper l’eau au compteur, nous avons rempli quelques bouteilles, celles que nous avions sous la main. Le temps de tout installer, nous sommes restés un jour et demi sans l’eau courante. Et là, on gère différemment. Quand habituellement, le robinet coule à flots pour se laver les mains, au moins dix fois par jour chacun, nous ne disposions plus que de quelques gouttes pour se rincer le bout des doigts. Et on peut le faire. Et à chaque fois qu’on le fait, on pense au gaspillage d’eau potable individuel, reproduit à l’échelle du monde des nantis que nous sommes tous.
Le nouveau robinet installé sur le nouvel évier est d’une marque réputée pour sa qualité et sa souplesse de manipulation. Il est très facile de ne faire couler qu’un filet d’eau. Ce qui est nettement suffisant pour se laver les mains et nettoyer sa brosse à dents. Comme tous les robinets maintenant il est aussi équipé d’un embout qui disperse l’eau comme un nuage, ce qui limité également le gaspillage. Nous n’avons pas quantifié cette eau potable que nous ne gaspillons plus, et peu importe, l’important est d’avoir pris conscience de notre inconscience collective. J’ai hâte de pouvoir remplacer le robinet de la cuisine. « Ca va être tout noir ! Ta g…. ! »